Sous la grosse cheminée de la cuisine, l'emplacement prévu initialement pour poser une plaque de cheminée en fonte avait été bouché par des briques et du ciment par les précédents propriétaires. Quid de la plaque en question ? Comme très souvent dans ces vieilles maisons : jetée parce que cassée, volée lors de périodes d'inhabitation, vendue, donnée... perdue.
Voici l'autre coté du mur (derrière la cheminée) : Le placard en chêne.
On retrouve le trou carré bouché prévu pour la plaque, le voici ouvert.
En parallèle, nous avons cherché une plaque de subsitition pouvant s'insérer dans ce trou. il fallait qu'elle fasse environ 90 x 90 cm. Dans les vides greniers, la quête fut vaine, on en trouve que très rarement. Chez les revendeurs de matériaux anciens, c'est hors de prix. Le hasard d'un "grand nettoyage avant mise en vente" dans une maison voisine, de l'autre côté de la rue, nous a permis, grâce à un voisin que j'en profite pour remercier ici, de mettre la main sur ceci :
Ces deux morceaux de plaque étaient posés l'un sur l'autre dans un coin de la grange. Le voisin qui s'occupait de vider la maison nous la donna.
Soit nous avions retrouvé la plaque d'origine qui avait "migré" au cours du passé de quelques maisons. Soit c'est un standard du coin, mais elle a pile la taille qu'il faut. Elle est malheureusement cassée mais c'est une sacré aubaine ! maintenant, reste à rassembler les deux parties, et ça, c'est pas une mince affaire ! Parait que ça se soude, mais souder de la vieille fonte, très riche en carbone... Un coup de fil passé à un chaudronnier me décourage d'essayer, lui en tous cas ne veut pas le faire...
Comme on a peur de rien, on tente quand même ! Un ami ammène son poste à souder. On achète des électrodes fonte - acier/fonte, on installera un four pour chaufer la fonte (mieux pour la soudure), on tentera de souder également des cornières acier pour faire des renforts...
On commence par enlever l'oxydation et les tâches à la brosse métallique, le relief apparait plus nettement :
Assez jolie cette plaque !
Ensuite, le four :
Et la soudure :
Je précise que c'était la première fois que nous tentions ce genre d'expérience... Qui s'avéra un échec !
Lorsque que nous enlevâmes les serre-joints qui tenaient plaquée la cornière contre la plaque, les points de soudure se décolèrent immédiatement de la fonte. Retour à la case départ et recherche d'une autre solution !
Ce sera finallement par vissage que nous réparâmes cette plaque. De nouvelles cornières en acier furent vissées dans des trous de diamère 6 mm, percés dans la plaque et taraudés. Là, ça tient très bien et ça ne se voit pas !
Sur la photo ci dessous, on voit à peine les cornières en haut et en bas de la plaque, vissées derrière la plaque :
Il restera ensuite à trouver une astuce pour camoufler la fente. En attendant, nous enduisons la plaque de pâte graphite grise pour la protéger de l'oxydation :
Un adhésif recouvre la fente pour éviter de graisser les bord avec la pâte graphite (dans la perspective de la boucher sans problème d'adhérence).
Nous laissons la plaque en attente pour préparer le mur à la recevoir. Tout d'abord, il faut rehauser de 5,5 cm en dessous - compter 0,5 cm pour l'épaisseur des 2 cornières + 1cm de jeu. Autrefois il y avait surement des pavés à la bonne hauteur). Quelques pierres sont retaillées...
Puis nettoyées avant d'être scellées :
Il faut également réfléchir à un système de fixation. La plaque est normalement prévue pour être encastré avec le motif côté "âtre" de la cheminée. Comme il y a maintenant un poêle sous la cheminée, le motif ne se verrait pas. On va donc tricher et tourner le motif côté salon, en déco. Comme on changera peut-être d'avis un jour, il faudra pouvoir démonter les fixatons et la retourner. Prévoir donc un système démontable.
Rénover, c'est faire du neuf avec du vieux. C'est aussi parfois faire du vieux avec du neuf. Petit tour au magasin de bricolage pour voir ce qu'on peut trouver pour faire l'affaire...
Retour avec 4 pattes de scellement en acier galvanisé et des vis ad-hoc :
Le problème c'est qu'elles font pas trop 18ème... Il faut leur faire subir une cure de vieillissement accéléré :
1ère étape : Martelage pour leur donner un aspect "fer forgé".
2ème étape : Bain d'acide chloridrique pour enlever la couche de zinc.
Les voilà ensuite :
3ème étape : Passage au feu pour la patine (10 min dans les braises du poêle juqu'à ce qu'elles soient bien rouge).
4ème étape : Les pattes et les vis sont ensuite laissées une semaine dans un fond d'eau, dehors, pour qu'elles rouillent un peu, les voici à la fin de cette séance de tortures un peu moyenâgeuses :
Elles sont ensuite séchées et cirées.
Retour à la plaque, nous l'ammenons vers son emplacement final, la voici en place callée par une palette, elle s'ajuste parfaitement, opération délicate car elle est très lourde. On ne l'a pas pesée, mais les plaques neuves de cette taille font entre 60 et 80 kg :
Et enfin fixée :
Elle est superbe ! On pourrait même se dispenser de combler la fente, mais nous allons le faire quand même avec de la résine époxy mélangée à de la limaille de fer. Une fois appliquée, la surface de la résine est lissée puis piquetée pour lui donner donner un grain proche de celui de la surface de la plaque. une fois l'ensemble recouvert de pâte graphite, on ne voit presque plus rien :
L'arrière de la plaque, qui est visible sous la cheminée, de l'autre côté du mur, a été bien sûr traité avec le même soin.
Voilà, c'était un coup de chance de retrouver cette plaque qui, en plus d'avoir les dimensions parfaites, est ornée d'un très beau motif à fleurs de lys. Une fois réparée ainsi, elle est même plus belle que beaucoup de plaques que nous avions vues à des prix extravagants chez des antiquaires.
Notez également que le carrelage est posé, mais ce sera un prochain article !